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LE CHEMIN


Il m’a dit, tout à coup : « C’est assez de me taire,
« Tu me pardonneras d’avoir fui cette voix
« Que j’entendais des cieux et du fond de la terre
« Et des plus lointains soirs qui furent autrefois…

« Je t’aimais… Ton regard était doux à ma tempe
« Comme l’onde qui tombe avec le vent d’été,
« Je te donnais la forme aimable de ma lampe
« Et le goût de mon pain et de ma volupté.

« Je te donnais le pas grave de la sagesse,
« La splendeur du couchant flottant sur une tour,
« Toutes les fleurs avaient l’odeur de ta jeunesse
« Et tu fus le blé mûr qu’a lié mon amour. »

Il m’a dit : « Tu viendras au fond de la prairie,
« Dans le chemin doré par le parfum du miel,
« Tu porteras aux doigts ta belle rêverie
« Comme un fuseau léger où s’enroule du ciel. »