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L’or flambait, l’or brûlait sur la ville divine,
L’azur creusait son golfe en un plein firmament,
Ah ! me dire qu’alors, j’emplis votre poitrine,
Que votre cœur me tint dans tout son battement !…

Nous étions séparés l’un de l’autre, ô mon âme,
Entre nous s’épandait un vaste lac de jour,
Mais un regard vécut, se soutint dans sa flamme
Et nous avons compris le vouloir de l’amour.

Oh ! savoir s’abîmer dans l’extase profonde !…
Ne pas demander plus en notre rêve humain,
Ne pas diminuer l’ineffable seconde
Par la triste douceur de se prendre la main !…

Nous dire : « Nous sentons le grand désir farouche
« De nous vouloir unis jusqu’à l’entier malheur,
« Jusqu’aux baisers où meurt la forme de la bouche,
« Jusqu’aux soupirs ouvrant l’enveloppe du cœur.

« Nous convoitons l’ardeur de l’humaine tendresse,
« La volupté poignante et forte des sanglots,
« L’amoureuse pitié qui fait de la caresse
« Quand l’âme, tout en pleurs, s’égoutte dans les mots.