Page:Picard - L Instant eternel.djvu/144

Cette page a été validée par deux contributeurs.


L’AVEU


Ah ! je l’ai votre aveu, grand de tout son mystère,
Notre instant fugitif plus qu’un ciel a valu,
Entre nous a passé la beauté de la terre
Et l’ampleur du silence où plane l’absolu.

Ô moment éternel que but notre jeunesse,
Qui fera mes yeux doux pour regarder la mort,
Et qui m’a dispensé plus de force et d’ivresse
Que le rire d’un dieu dans une coupe d’or !

Moment qui fut profond et neuf comme une aurore,
Qui sembla, tout à coup, chargé de tous les biens,
Ô moment lumineux qu’emplit le vent sonore
Et le fleuve plus beau que les rites païens !…

Ce fut toute la vie et je devrais en vivre,
Et m’en faire, à jamais, le pain, le vin, le miel,
Ce fut l’instant unique où tout l’amour se livre
Par la grâce de l’heure et la couleur du ciel.