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QU’IMPORTE !…


Oh ! l’indicible émoi de l’amour qui commence,
Lorsque l’âme bondit ainsi qu’un gave immense,
Et, des monts, aux forêts, aux mers se prolongeant,
Jette, dans le soleil, son ivresse d’argent !…
Il semble que la vie entre, en soi, plus altière
Qu’un vaisseau d’orient dans un port de lumière,
L’on sent, de ses bras nus, s’égoutter du bonheur,
L’on appelle le soir, la volupté, l’on meurt…
L’on promet à l’aimé, dans des nuits de délire,
Quand on est seule avec son désir enchanté,
Les roses, les colliers, les pleurs, la nudité,
Et l’on connaît, à peine, encore, son sourire.

On est belle, on s’épand, folle, de toutes parts,
On a de la pitié longue dans les regards,
On voudrait tout étreindre avec des mains d’extase,
Et sa bouche, parmi les fruits mûrs, on l’écrase,
Et dans soi, tendrement, on regarde son cœur
Pâmé dans son silence et dans sa bonne odeur…