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Comme, sur une tour, une reine qui rêve…
Et quand mes pleurs, la nuit, étaient si soucieux,
Je vous sentais couler lentement de mes yeux.
J’aurai bu votre vie à sa source d’eau vive,
Vous fûtes éternel dans l’heure fugitive,
Je vous dois l’infini, le songe, la douleur,
Et vous avez changé le rythme de mon cœur.
Je vous dois la vertu, la colère sacrée,
Ce livre tout ouvert par sa porte dorée,
Et cet ange surgi de mon âme et du soir,
Plus grand que le génie, encor : le désespoir…
Je vous ai fait ma couche et ma table servie,
En tous lieux, je vous ai, dans mon ombre, emporté,
Vous fûtes ma maison et je vous ai planté,
À jamais, comme un arbre au milieu de ma vie…