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PAROLES AU BIEN-AIMÉ


Oh ! dites, bien-aimé, pourquoi donc fut-ce vous,
Qui vîntes habiter le jardin de mes sommes,
Pourquoi vous ai-je vu si grand, si fier, si doux,
Vous, entre tous les jeunes hommes ?…

Pourquoi vous ai-je cru le roi de l’horizon,
Le maître de la mer, le prophète, le sage,
Pourquoi vous ai-je offert le pain de ma maison
Et le parfum de mon visage ?…

Ah ! vous m’avez liée avec tous les fils d’or
De votre ardeur, de votre voix, de votre empire,
Ah ! vous m’avez liée, à jamais, vous si fort
D’être celui que j’ai vu rire.

Oui, je vous ai voulu, tremblante de l’oser,
D’un désir qui pleurait d’être sans fin, sans nombre,
D’un désir qui faisait s’appuyer mon baiser
Aux murs où se posait votre ombre.