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Oh ! vous n’aurez pas su qu’au bord de mon front pâle,
Toujours, tremble un beau rêve, ainsi qu’un rameau noir,
Et que je suis ainsi qu’une heure musicale
Où chanteraient les chœurs de la vie et du soir.

Jamais vous n’aurez vu l’infini, dans ses voiles,
M’effleurer tristement comme si je mourais,
Jamais vous n’aurez vu les divines étoiles
Tomber de mes yeux purs comme si je pleurais.

Vous m’aurez méconnue en une heure opportune,
Vous n’aurez pas compris que mon vaste destin
S’épanche dans le fleuve et dans le clair de lune,
Et s’élève aussi haut que le vent du matin.

Vous n’aurez pas su voir… Mais j’ai dit, volontaire,
Qu’un jour vous entendriez le rythme de mon cœur,
Et que je monterai de l’ombre et du mystère
Comme, d’un arbre mort, un liseron en fleur.

J’ai juré de venir troubler votre mémoire
Par de nobles succès, par des labeurs croissants,
Oui, pour vous j’ai juré de conquérir la gloire,
De vous la présenter de mes doigts languissants,