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Riche comme un fuseau chargé de jeune lin.
J’ai le grand désir d’être et de manger du pain,
De m’abattre au milieu d’une épaisseur de roses
Et de tout vous donner à mes paupières closes…

Ah ! je suis ivre ainsi que tous les raisins noirs,
Plus pesante d’odeurs que la robe des soirs…

En moi, vous êtes beau comme un roi que l’on sacre…

Et les forêts, en moi, jettent leur senteur âcre,
Leur suc pur, leur ampleur et leur mouvant soleil…

Vous êtes, pour mes yeux, au Bosphore pareil.

C’est alors qu’on me voit des extases si graves.
Et j’ai l’air de venir des monts comme les gaves…

Je m’assieds, je me lève : et c’est de la beauté…
Je songe, je m’incline : et c’est de la bonté…
Comme, au-dedans de moi, mon âme vous regarde,
Comme j’aime mon cœur, mon doux cœur qui vous garde !