Page:Picard - L Instant eternel.djvu/129

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et mes mains se joindront dans un geste fervent…
Mon langage sera plus haut, plus émouvant
Que celui de la mer et de l’arbre en Judée.
Mon âme tombera comme une belle ondée
Quand il fait du printemps, quand il fait du soleil…

Pour être plus étrange encor j’aurai sommeil…

Il se dégagera de moi de la sagesse,
Une minutieuse et pensive allégresse,
Et j’aurai le sang tiède et le visage beau,
Et, dans mes bras, votre douceur comme un fardeau.
On se dira tout bas : « Son âme est habitée,
« Elle a l’air d’un adieu, d’une valse exaltée…
« Qui passa dans son souffle et fut assez puissant
« Pour qu’elle soit ainsi lumineuse et ravie,
« Pour que son être vive au delà de sa vie
« Et que batte son cœur au delà de son sang ?… »

Ah ! je connais ces jours de plénitude bonne,
Il semble que je suis, tout à coup, de l’automne,
Et que le vent me fait tendrement m’effeuiller…
Et je ris tout mon rire en un regard mouillé…

Oui, quand je vous ai vu, je suis harmonieuse,
Je suis lourde, parée, éclatante, soyeuse,