Page:Picard - L Instant eternel.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Du parfum de la myrrhe et du long chant des mers,
À jamais, de l’amour ont fait leurs belles dates,
Ont célébré son culte avec des aromates,
Ont fait de volupté les corps harmonieux
Et mirent un soupir dans la gorge des dieux…

Tout ce qui, bien-aimé, fut amoureux et triste,
La dame féodale et son cœur d’améthyste,
Les lèvres d’Héloïse et les yeux de Rolla,
Tout ce qui fut cruel et tendre, tout cela
Qui fut plein de caresse et de mélancolie,
La douleur de Werther, la robe d’Ophélie,
Et les adieux donnés aux héros qui partaient,
Et le ruban promis aux pages qui chantaient,
Tout l’amour, tout l’amour de la vie et des contes,
Les serments éternels jetés aux heures promptes,
Les grands yeux éblouis et qui se sont fermés,
Et tous les échos morts et tous les bien-aimés,
Tout ce qui fut caché de l’âme de nos mères,
Et le temps romantique et les belles chimères,
Et les joyaux des doigts qui ne bougeront plus,
Et les soupirs, encor, aux vieux luths, suspendus,
Et, pleins de faste et d’or, de défis, de sourire,
Ces amours éprouvés dans les bals de l’Empire,
Bien-aimé, tout cela, pour vous, m’a fait un cœur,
Une subtile et douce et lumineuse ardeur,
Et je vous ai chéri par la mort et Venise,