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Qui vient de l’Arcadie et que l’on voit songer…
Il est aussi plus tendre et plus connu qu’un frère…
C’est lui qui fait tomber les fruits mûrs sur la terre,
C’est lui qui les chargea de soleil et de miel,
C’est lui qui fait voguer le navire du ciel,
Lui qui fait sentir bon, de sa main qui possède,
Ces morceaux de printemps qui courent dans l’air tiède…

Et voici qu’on s’approche, en l’instant radieux,
Toute la Grèce au cœur et tout l’amour aux yeux,
Et voici qu’on lui parle et qu’on veut lui sourire,
Et voici que l’on pleure et qu’on est une lyre :
« Mon bien-aimé, je vous dois toute la clarté…
« Mon âme croit mourir d’entrevoir la beauté
« Que votre âme, sans fin, lui montre dans les nues,
« Par vous j’aime les vents et les déesses nues,
« Les fleuves bondissant sous les arches de l’air,
« Les poètes chantant sur le bord de la mer,
« Et tous les inconnus des vertes solitudes,
« Et tous les grands songeurs des belles nuits d’études,
« Tous ceux qui, comme vous, sont d’un astre suivis,
« Et qui ne m’ont pas dit le nom de leur pays,
« Comme vous bien-aimé…
« Comme vous bien-aimé…Par vous je suis si bonne,
« Je me sens abondante ainsi qu’un fruit d’automne,
« Ainsi qu’un livre écrit par un lyrique en pleurs,
« Ainsi que Flore avec ses corbeilles de fleurs,