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ON A, PARFOIS, DES JOURS…


On a, parfois, des jours d’inexprimable joie,
On a le geste lent des fileuses de soie,
On a le pas léger, le cœur fort, le front pur,
Et l’âme aux yeux ainsi qu’un naufrage d’azur.
On est comme une aurore au long d’une tour neuve,
Plus véhémente encor qu’un adieu sur un fleuve,
On a des pieds émus pour toucher les chemins
Et la vie en paniers de roses sous les mains…

On attribue au bien-aimé les brises douces,
Le chagrin des ruisseaux qui perle aux yeux des mousses,
Le jour qui tombe à l’eau de même qu’un seau d’or,
La vie ouverte et le beau souffle de la mort
Qui, parfois, fait trembler les contours de l’espace…

Le bien-aimé paraît, là-bas, sur la terrasse,
Il est grave, émouvant ainsi qu’un étranger