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Pourquoi tant de beau rêve et tant de belle extase,
Tant d’amour consommé,
Si mon esprit n’est pas, désormais, comme un vase
Odorant et fermé ?…

Pourquoi tant de courroux, tant de cris indicibles
Un si rude chemin,
S’il ne me vient, bientôt, les vouloirs invincibles
D’un orgueil surhumain ?…

Pourquoi tant de chagrin, si, las, mon cœur désarme
Et vit un sort commun,
S’il ne sait pas se faire hélas ! de chaque larme
Un austère parfum ?…

Oh ! pourquoi tant d’ardeur qui n’a pu te convaincre,
Tant d’espoir abattu,
S’il ne m’en reste pas le désir de me vaincre
Pour trouver la vertu ?…

Mais ce n’est pas en vain que je t’aurai vu vivre,
Que mon mal fut si fort,
Je veux être par toi marquée ainsi qu’un livre
L’est par des lettres d’or.