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SOIR À LA FENÊTRE


Que chantait-il en moi de si beau, de si fort,
Quel dieu tendre, affligé soupirait dans mon être ?…
Qui me parlait d’azur, de bonheur et de mort ?…
Il me fallut ouvrir brusquement ma fenêtre.

Un vent où se fondait de la lune passait
Sur le fleuve épandant son nocturne mystère,
L’ombre, sur le printemps, toute tiède glissait,
L’air sentait bon l’amour, les larmes et la terre.

L’air était plus gonflé qu’un cœur qui va pleurer,
L’air sentait bon les fleurs et les sanglots des femmes,
L’on entendait des voix, en chœur désespéré,
De guitares, d’amants, d’arbres pâmés et d’âmes…

Qui donc me murmurait : « Il est tout près de toi,
Son songe doucement vers le tien se balance,
Et la nuit a mêlé son émoi, ton émoi
Comme deux roses d’or offertes au silence…