Page:Picard - L Instant eternel.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Je passe… et tant d’ardeur se lève de ma robe
Que le soleil se double au travers de mes pas,
C’est une âme, une voix, lorsque je me dérobe,
Qui m’implore tout bas…

On me sait un esprit de rêve et de folie,
Qui veut vivre, mourir, épuiser son destin…
Un esprit plus royal dans sa mélancolie
Qu’Octobre dans son thym.

Aussi, le beau désir des hommes m’enveloppe ;
Ah ! comme l’on me veut pour toujours et soudain !…
Et je suis chère aux cœurs comme l’héliotrope
L’est au vent du jardin.

Avant, je souriais de toute cette gloire,
Je chantais d’être l’arbre où gémissait l’amour,
Et ma bouche et la rose allaient, ensemble, boire
Leur part tiède de jour.

Mais comme j’ai changé depuis que je vous aime !…
Je voudrais dans mon charme, hélas ! m’anéantir,
Car, parmi mes chagrins, de tous, le plus extrême
C’est, sans fin, de sentir