Page:Picard - L Instant eternel.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.


Que de fois, quand ton pas au mien était mêlé,
Tu m’as fait un aveu par ta seule présence…
Plus véhément encor de ne pas me parler,
Tu me donnais ton âme avec tout le silence…

Mais tu t’es en allé de ma vie, ô cruel,
De même qu’un semeur part, la graine jetée,
Comme une abeille part en emportant le miel
Des raisins entr’ouverts et de la fleur goûtée.

Tes yeux ont bu l’azur, les miens ont bu le sel,
Tu n’as pas su le fond de la mer âcre et tendre,
Et tu t’es endormi, distrait, et sans attendre,
Comme sur la montagne, en un soir irréel,
S’endormirait un Mage en appelant le ciel…