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TON TROUBLE


Et, pourtant, quelquefois, j’ai compris que ton cœur
Se tournait vers le mien comme le vent vers l’arbre…
Je voyais devant moi s’élever un bonheur
Comme un monument plein de soleil et de marbre.

Près de moi, je t’ai vu te troubler, orgueilleux,
La crainte, entre nous deux, mettait sa main divine,
De ton âme, à mon âme, allait le fil soyeux
De l’âme qui pressent à l’âme qui devine.

J’ai reconnu mon ombre au fond de tes regards,
Ton geste, vers le mien, était lourd de prière,
Tes désirs ressemblaient à la course des chars
Qui s’en vont conquérir l’horizon de lumière.

Tu vivais, comme moi, de printemps et de soir,
D’odeur vague, de pleurs et d’attente éternelle…
Et nos cœurs éclataient de jeunesse et d’espoir
Ainsi que les bourgeons de la forêt nouvelle.