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J’aime… Et c’est pour toujours, vous le dites, ô pleurs,
Autour de moi je vois les augustes douleurs
Appuyer leur front blanc à leur urne éternelle…

J’aime… Et je te souris, ô mon amour fidèle,
Tu seras à jamais le sou de mon passé,
Et mon arbre d’automne odorant et blessé,
Et le geste léger qui semblera, sans cesse,
Rappeler au silence une ancienne caresse…

Oui, j’aime, pleurs chéris, présent de la saison…
Mon rêve s’est levé dans un neuf horizon,
Dans un grand ciel lavé par votre averse pure…
Mon amour, vous serez mon collier, ma ceinture,
Mon livre, mon bouquet, mon luth, mon bleu vitrail,
Mon harmonie et ma prière et mon travail…

J’aime… J’aime, pleurs doux, pleurs amers, pleurs étranges,
Pleurs qui feriez plus beaux encor les yeux des anges,
Je pleure à plein soupir, à plein ravissement,
Jusqu’à la fin des pleurs, jusqu’à l’épuisement,
J’aime… et mon cœur gonflé de tristesse et de charme
Se multiplie afin de remplir chaque larme…