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Oh ! tu renouvelas entièrement mon âme,
Mes doigts devinrent clairs de porter la bonté,
Et j’eus, enfin, par toi, l’air profond d’être femme
Et la plainte que met aux lèvres la beauté.

Cher Amour, je te loue à cause de mes peines,
Car, par toi, j’ai le front bien noble et bien amer,
Je fais chanter ta grâce aux gouttes des fontaines,
Je fais chanter ta force aux vagues de la mer.

Et je te loue, ô toi, le messager étrange,
Toi qui conquiers les cœurs par le glaive et le feu,
Je t’aime d’être, Amour, juste comme un archange
Et d’être la colombe et le dragon de Dieu.

Tu m’as dit que la fleur t’appelle pour éclore,
Que tu répands dans l’air ses odorants aveux,
Et que lorsque, la nuit, une vierge t’implore
Tu te voiles, ô Pur, pour baiser ses cheveux.

Sur le monde s’épand ton âme de lumière,
Ô toi le tout-puissant, le beau, l’Emmanuel,
Tu fus le premier jour et la rose première,
Tu fus l’immense vent qui déplia le ciel.