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C’est lui dont les rayons, tout à coup, vous effleurent
Dans un nimbe d’aurore et de félicité,
C’est lui qui fait vos cœurs grands de tout ce qu’ils pleurent,
Vos yeux tendres de tout ce qu’ils ont regretté.

Pour vous, il rend si pur le contour des collines,
Il donne aux arbres noirs le son de la douleur,
Et la beauté, par lui, s’endort sur vos poitrines
Et l’austère idéal habite votre cœur.

Sans doute, il vous fait mal ; mais n’est-ce pas ses charmes
Que d’être triste, amer, volontaire et si fort ?…
Voudrais-je l’enlacer s’il n’avait pas des armes,
Saurais-je croire en lui s’il n’était pas la mort ?…

C’est lui le plus haut bien des heures de la vie,
C’est lui l’éclair qui rit, tout à coup, long et bleu,
Ah ! c’est lui dont l’ardeur, à jamais, est suivie
Par les roses, le sang, le désir et le feu…

Parfois, j’ai du courroux, je l’accuse, je crie ;
Mais n’est-il pas, alors, plus encor adoré ?…
Et quand le calme vient, humble, souple, attendrie,
Je vais lui demander pardon d’avoir pleuré.