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d’après sa correspondance

lisant, que celui qui l’écrit ignore la grandeur et les périls de ce poste.

La Corée dévore ses apôtres. Seule à l’extrémité de l’Orient, elle demeure toujours séparée du reste du monde par une barrière infranchissable. Sous peine de mort, aucun étranger n’en peut fouler le sol ; aucun de ses habitants, sauf des cas exceptionnels et déterminés, n’en doit dépasser la frontière. Si la tempête jette une jonque chinoise sur la côte coréenne, les naufragés mêmes sont surveillés afin qu’ils n’aient aucun rapport avec les indigènes. Pénétrer dans ce pays si rigoureusement fermé est depuis longtemps l’objet d’une suite d’efforts que les missionnaires seuls ont vu couronner de succès. Depuis l’année 1788 jusqu’à 1860, l’histoire de l’Église de Corée se résume en un seul mot : persécution sanglante. Presque tous les missionnaires sont morts de la main des bourreaux, après les plus horribles tortures. Telle est la mission de l’abbé Ridel ; tel est le poste que l’on confie à son intrépide courage.

Le 26 juillet, il partait pour Marseille, en compagnie de M. Calais, qui devait, dans le même champ du père de famille, supporter les mêmes fatigues, courir les mêmes dangers, et moissonner la même récompense.