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Mgr RIDEL

son attrait. Mgr Jacquemet jugea prudent d’éprouver sa vocation ; il lui conseilla d’attendre et l’envoya exercer les fonctions du saint ministère dans une petite paroisse. Les habitants de la Remaudière gardent encore précieusement son souvenir.

Âme d’une trempe vigoureuse, l’abbé Ridel vit dans l’ordre de son évêque l’expression de la volonté de Dieu. Il s’y soumit, profitant de cette épreuve pour se préparer aux fatigues de l’avenir. Rien ne lui coûta. Pour Dieu, pour les âmes, il se sentit prêt à tous les sacrifices, à se sacrifier lui-même. Aux privations qu’il n’avait pas choisies, il en ajouta d’autres, prolongeant ses jeûnes outre mesure, faisant de longues marches, n’écoutant jamais les réclamations de son corps fatigué, essayant ses forces comme un lutteur avant le combat.

L’épreuve ne fut pas très longue, mais elle suffit pour témoigner d’une vocation que tous les signes rendaient déjà certaine. Exaucé enfin par son évêque, l’abbé Ridel fixa son départ pour le séminaire des missions étrangères, au 1er août 1859.

« Cette nouvelle, lui écrivait alors un aspirant missionnaire, ne nous étonne pas ; ce qui nous étonne davantage, c’est de ne pas vous avoir vu ici plus tôt. Depuis longtemps tout le monde vous avait fait missionnaire. Vous avez préféré attendre l’heure de la divine Providence, vous avez bien fait. Il faut que ce soit le bon Dieu qui nous appelle et nous amène dans cette maison. Ici on a quitté ses parents, ses amis les plus chers. On respire plus à l’aise la grâce du bon Dieu. C’est un bonheur de songer que notre unique espoir est en Dieu, que lui seul désormais doit être notre père, notre mère, notre frère, notre ami. »