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d’après sa correspondance

dans sa famille. Elle n’habitait plus au bord de la Loire, mais tout au fond du golfe appelé en breton Morbihan. Depuis plusieurs années le port de Vannes s’ouvrait plus facilement aux caboteurs : les chantiers de navires en construction n’étaient jamais vides. M. Louis Ridel y construisait alors de nombreux lougres et chasse-marées qui le cédèrent bientôt aux briks et aux goélettes. C’est là, dans la modeste habitation où il rendit le dernier soupir, que M. Ridel goûta les joies de la famille, animant de sa joyeuse humeur le foyer de son père. Les siens ne furent pas seuls à jouir de l’aimable séminariste. Quoique sa naissance l’eût donné au diocèse de Nantes, les séminaristes de Vannes lièrent avec lui un amitié dont le souvenir les émeut chaque fois qu’on leur rappelle aujourd’hui le nom de M. Ridel. Le matin les réunissait pour entendre la messe, et bien souvent pour des promenades dans les campagnes voisines ou sur le golfe. Plus tard, nous retrouverons chez le missionnaire de Corée les vives images, gardées par lui au fond du cœur, de ce Morbihan aux îles verdoyantes et aux courants rapides, qu’il sillonna plus d’une fois sur une légère barque avec ses jeunes confrères.

Après une année de réflexion et d’étude, la détermination de l’abbé Ridel fut irrévocablement prise.

Dès son jeune âge, le cri des affamés qui demandent du pain avait ému son cœur. Maintenant, ses vœux sont comblés ; Dieu lui a donné l’ordre d’aller rassasier ceux qui ont faim. « Ite, partez. » Cette puissante parole qui depuis dix-neuf cents ans a jeté les hérauts de l’Évangile sur tous les chemins de la terre fut distinctement entendue. Il demanda donc à l’autorité diocésaine la permission de suivre