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d’après sa correspondance

contraire, on remarqua en lui une maturité précoce et une répulsion de plus en plus accusée pour ce qui n’est pas droit, honnête et vertueux.

« Le séjour au séminaire de philosophie et au grand séminaire va compléter cette éducation sacerdotale.

« Pleinement assuré de sa vocation, il n’eut qu’une pensée, se dévouer corps et âme au service de Dieu et de l’Église.

« Rien ne lui paraissait au-dessus de ses forces, il était prêt à tout quitter : une famille dont il était l’âme ; des amis très chers dont il ne perdra jamais le souvenir ; son pays qu’il ne cessera pas un instant d’aimer. Sous des dehors énergiques, il avait une âme très aimante et le sacrifice de ses affections ne fut pas le moindre mérite de son apostolat[1]. »

Le récit des Annales lui avait dit les privations, les douleurs, les tortures qui attendent le missionnaire au delà des mers ; mais ces lectures, loin de modérer ses désirs, les enflammaient au contraire. « On doit être si heureux, disait-il, d’aller chez le bon Dieu, avec sa tête entre les mains. » Cependant, au mois d’octobre 1856, il sembla hésiter un instant. La vie de ses maîtres, des saints prêtres de Saint-Sulpice ; cette vie toute faite de recueillement, de prière et de travail, lui parut pleine d’attraits, fit sur lui une impression profonde. Suivre Jésus, courir avec lui après la brebis égarée, et couronner une vie de sacrifices par l’immolation suprême, quel idéal ! Mais les vertus de ses maîtres lui montrèrent Jésus à Nazareth, et il se demanda si cette vie cachée ne serait pas plus

  1. Notice biographique par M. l’abbé Lahue, condisciple de Mgr Ridel.