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d’après sa correspondance

lution d’être missionnaire, résolution d’enfant, c’est vrai ; mais dès lors j’avais mon but, j’avais mon secret. »

Peu à peu le jour se fit dans l’esprit du jeune enfant ; la grâce du bon Dieu, déposée par la main ou plutôt par l’amour d’une mère, grandit et triompha de toutes les difficultés.

Ainsi disposé, Félix entrevoyait avec joie le grand jour de sa première communion et s’apprêtait avec soin à recevoir dans son cœur le Dieu de l’Eucharistie. L’église où il avait reçu le baptême le vit s’unir pour la première fois à son Créateur et lui jurer fidélité. Nul n’a été plus fidèle.

À partir de cette heure, son désir d’être missionnaire devint plus ardent, et c’est avec l’intention de le réaliser un jour que, vers la fin de septembre 1843, il se présenta chez M. l’abbé Muray, supérieur du collège ecclésiastique de Notre-Dame des Couëts.

Félix se donna tout entier à l’accomplissement de ses devoirs. Rien ne l’arrêtait, ni la fatigue ni la peine. Cependant, si son caractère gai, franc, ennemi de tout ce qui n’était pas honnête, si sa bonté, qui n’exceptait personne, lui méritèrent bientôt l’affection et l’estime de tous ses condisciples, sa nature ardente et presque fougueuse eut besoin d’être modérée.

Pendant les deux premières années de collège, il eut pour professeur M. l’abbé Baumier. Ce prêtre éminent n’était pas homme à perdre patience et à se décourager, en présence d’un élève qui montrait parfois une exubérance de vie plus grande que ne le voulait la règle. Son regard pénétrant découvrit bientôt les richesses de cette belle âme et sut distinguer en