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Mgr RIDEL

dire, que s’ils pèchent ils iront en enfer ; et qu’au contraire, s’ils ne commettent pas le péché ils iront en paradis. Oh ! il faut aller le leur dire.

« Puis il ajouta avec tout l’élan de son cœur : « Mère, mère, moi j’irai, moi aussi je veux être missionnaire. »

Pour toute réponse, une larme coula sur les joues de la mère et tomba sur le front de l’enfant qu’elle tenait pressé sur son cœur, en disant ; « Pauvre petit chéri ! »

Ce baiser et cette larme furent la rosée du ciel sur le germe d’où sortit cette vocation.

Elle ne fit depuis que se développer et grandir. L’enfant pensait bien en ce moment que les pays sauvages dont lui avait parlé sa mère étaient situés là-bas, derrière le fleuve. Pour lui, le monde c’était tout ce qu’embrassait l’horizon ; aussi, aller chez les peuples délaissés, être missionnaire, lui semblait la chose la plus naturelle et la plus facile.

Ce fut vers cette époque que sa pieuse mère rendit son âme à Dieu. Félix avait alors neuf ans. Malgré son jeune âge, ce douloureux événement laissa dans son âme une impression que ni le temps ni l’éloignement n’effacèrent jamais. Vingt ans plus tard il rappelait ainsi ce cruel souvenir : « Cette scène est profondément gravée dans ma mémoire ; j’en ai entretenu bien souvent mon esprit et mon cœur. C’était la nuit, j’étais avec mon père, lorsque nos sœurs accoururent en jetant de grands cris. Je te vois encore, mon cher Louis, te prosterner pour prier près de notre mère. Je me souviendrai toujours de cette terrible nuit ! Que c’était triste ! nous n’avions plus de mère ici-bas ! Et, depuis, il nous a fallu supporter cette cruelle privation ! C’était près d’elle que j’avais pris la réso-