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XIV

Ainsi nous apparaît le vaillant évêque de la Corée, blanchi avant l’âge, courbé sous le poids du labeur et couronné de toutes les auréoles de l’apostolat, moins le martyre.

Sa vie est une vie de luttes et de contradictions ; c’est la croix : ce n’est pas le triomphe.

Pendant les dernières années de la vie de Mgr Ridel, un vent de liberté commençait à souffler sur la malheureuse mission de Corée. Déjà le saint évêque entrevoyait le jour où il serait rendu à son peuple, où il lui prêcherait publiquement Jésus-Christ. À ce rêve de son cœur il tressaillait de joie. Mais le traité franco-coréen, négocié depuis 1882, ne fut conclu qu’en 1886, et ratifié seulement en 1887. Dieu avait rappelé à lui son serviteur, le 20 juin 1884.

Mgr Ridel n’a donc pas vu ses efforts couronnés sur la terre : il a semé dans la souffrance et dans les larmes ; au ciel il obtiendra que ses successeurs moissonnent dans l’abondance et dans l’allégresse.

Depuis le mois de juin 1888, un chargé d’affaires français réside à Séoul, et cependant la Corée n’est encore qu’entrouverte à la prédication de l’Évangile. La France, dans son traité avec ce petit État, n’a oublié que les missionnaires, c’est-à-dire, ceux de ses enfants qui sont venus les premiers chez ce peuple barbare, porter avec l’Évangile son nom et son amour. Toutefois, les nouvelles relations commerciales ont fait une large brèche dans les barrières infranchissables de ce pays. Espérons que la liberté religieuse passera bientôt par là tout entière.

En ce moment, l’intérieur de la Corée est encore un pays défendu ; les missionnaires n’y exercent leur ministère que dans le plus profond secret. Dans quelques ports seulement ils peuvent se montrer, revêtir le costume ecclésiastique et acquérir des immeubles comme les commerçants étrangers. Grâce à cette clause du traité, Séoul, à la grande joie des chrétiens et au grand étonnement des païens, possède un Orphelinat et un hospice. Là, depuis le