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Passant, priez pour lui,
Pleurez sur son fils et sur moi.
Érigé à sa mémoire
Par ses neveux et ses nièces.

A droite, en entrant dans l’espèce de vallon qui s’étend du nord au sud-ouest, et forme, de ce côté, le pied de la colline, on remarque un petit bosquet ou jardin fort bien entretenu, planté de rosiers, de fleurs, d’arbres verts, et entourant et couvrant de leur ombre une simple pierre couchée. Derrière ce bosquet, et au midi, est un petit banc ; vis-à-vis, un jeune saule pleureur étend ses branches mélancoliques vers la terre. Sur cette tombe modeste, on lit :

CI GIT
Georges-Etienne LEROUX,
Né le 4 décembre 1755 ;
Mort, le 1er avril 1815.

Vertueux, bienfaisant, tendre époux et bon père,
Il fit de ses amis autant d’admirateurs.
La mort l’enferme en vain sous cette froide pierre ;
Son souvenir vivra constamment dans nos cœurs.

Pendant que nous étions occupés à transcrire cette touchante épitaphe, une femme, en habit de deuil, et encore jeune, parut vouloir s’en approcher. Présumant que ce pouvait être la veuve du défunt, nous nous éloignâmes avec respect. Elle s’approcha du tombeau, en fit plusieurs fois le tour ; puis, s’asseyant sur le petit banc, elle se mit à tresser une couronne de fleurs, et la déposa de la manière la plus solennelle sur cette pierre, qui couvre le corps de son mari. Nous ne saurions dire combien ce spectacle nous a délicieusement émus. Ah ! dans ce siècle corrompu, il est si rare de rencontrer à Paris l’exemple d’une douleur aussi profonde, et pourtant si légitime !