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maturées. On a pu, parmi les épitaphes que nous avons citées, en voir quelques-unes, qui sont consacrées à des jeunes gens ravis trop tôt à la tendresse de ceux qui les avaient élevés. Mais, nous en avons fait l’observation avec plaisir, ces tombes, qui renferment de jeunes cendres, hélas ! souvent arrosées des pleurs des parens ou des amis du défunt, n’appartiennent point, pour la plupart, aux quartiers distribués à la proximité du cimetière. Elles ne se trouvent là que parce que, ainsi que nous l’avons dit plus haut, la mode à Paris, depuis quelques années, est de se faire enterrer au cimetière du père La Chaise. Ainsi ceux qui sont tombés victimes de la mode, sacrifient encore, après leur mort, à cette frivole et dangereuse déité, en désertant l’asile naturellement destiné à les recevoir et où reposent et leurs païens et leurs amis. Lisez les inscriptions gravées sur ces tombeaux, retenez le nom qu’elles recommandent à votre souvenir et à votre piété ; interrogez ensuite le gardien de ce vaste dépôt de la mort, et vous verrez qu’il tient à des familles dont le séjour est fixé dans ces quartiers, où l’irrégularité des mœurs et des usages menace à chaque instant la vie de l’homme, et trop souvent tranche le fil de ses jours, quand, à peine, elle est à la moitié de sa carrière.

En 1814, au moment où l’ennemi approchait de la capitale, la colline de Mont-Louis, ou du Cimetière du père La Chaise, parut, aux ingénieurs chargés de la défense de Paris, une position importante et digne d’être fortifiée. En conséquence, ils y établirent des batteries formidables qui furent servies, moitié par les élèves de l’école polytechnique, et moitié par les jeunes vétérinaires de l’école d’Alfort. Elles devaient balayer et tenir libre la vaste plaine qui s’étend depuis Paris jusqu’à Vincennes. Les murs de clôture de l’est furent aussi crénelés pour le même usage, et aujourd’hui encore on voit les trous qu’on avait pratiqués à cet effet. Des troupes et des