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APHORISMES

tels les imbibent, et que la langue les presse contre le palais pour en exprimer un suc qui, pour lors suffisamment chargé de sapidité, est apprécié par les papilles dégustatrices, qui délivrent au corps ainsi trituré le passeport qui lui est nécessaire pour être admis dans l’estomac.

Ce système, qui recevra encore d’autres développements, répond sans effort aux principales questions qui peuvent se présenter.

Car, si on demande ce qu’on entend par corps sapides, on répond que c’est tout corps soluble et propre à être absorbé par l’organe du goût.

Et si on demande comment le corps sapide agit, on répond qu’il agit toutes les fois qu’il se trouve dans un état de dissolution tel qu’il puisse pénétrer dans les cavités chargées de recevoir et de transmettre la sensation.

En un mot, rien de sapide que ce qui est déjà dissous ou prochainement soluble.

des saveurs.

9. — Le nombre des saveurs est infini, car tout corps soluble a une saveur spéciale qui ne ressemble entièrement à aucune autre.

Les saveurs se modifient en outre par leur agrégation simple, double, multiple ; de sorte qu’il est impossible d’en faire le tableau, depuis la plus attrayante jusqu’à la plus insupportable, depuis la fraise jusqu’à la coloquinte. Aussi tous ceux qui l’ont essayé ont-ils à peu près échoué.

Ce résultat ne doit pas étonner ; car étant donné qu’il existe des séries indéfinies de saveurs simples qui peuvent se modifier par leur adjonction réciproque en tout