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MÉDITATION I.

été sans attraits ; mais je l’ai supprimé, pour laisser à mes lecteurs le plaisir de le faire chacun à sa manière : il y a de quoi déployer de l’esprit, et même de l’érudition, pendant toute une soirée.

Nous avons dit plus haut que le génésique avait envahi les organes de tous les autres sens ; il n’a pas influé avec moins de puissance sur toutes les sciences ; et en y regardant d’un peu plus près, on verra que tout ce qu’elles ont de plus délicat et de plus ingénieux est dû au désir, à l’espoir ou à la reconnaissance qui se rapportent à la réunion des sexes.

Telle est donc, en bonne réalité, la généalogie des sciences, même les plus abstraites, qu’elles ne sont que le résultat immédiat des efforts continus que nous avons faits pour gratifier nos sens.

perfectionnement des sens.

3. — Ces sens, nos favoris, sont cependant loin d’être parfaits, et je ne m’arrêterai pas à le prouver. J’observerai seulement que la vue, ce sens si éthéré, et le toucher, qui est à l’autre bout de l’échelle, ont acquis avec le temps une puissance additionnelle très-remarquable.

Par le moyen des besicles, l’œil échappe, pour ainsi dire, à l’affaiblissement sénile qui opprime la plupart des autres organes.

Le télescope a découvert des astres jusqu’alors inconnus et inaccessibles à tous nos moyens de mensuration ; il s’est enfoncé à des distances telles que des corps lumineux et nécessairement immenses ne se présentent à nous que comme des taches nébuleuses et presque imperceptibles.

Le microscope nous a initiés dans la connaissance de la configuration intérieure des corps : il nous a montré