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Comme chimiste, je passai cette œuvre à la cornue ; il n’en resta que ceci : Nous avons si bien fait qu’il n’y a pas moyen de mieux faire, ni de faire autrement.

Or, j’ai vécu assez pour savoir que chaque génération en dit autant, et que la génération suivante ne manque jamais de s’en moquer.

D’ailleurs, comment les mots ne changeraient-il pas, quand les mœurs et les idées éprouvent des modifications continuelles ? Si nous faisons les mêmes choses que les anciens, nous ne les faisons pas de la même manière, et il est des pages entières, dans quelques livres français, qu’on ne pourrait traduire ni en latin ni en grec.

Toutes les langues ont eu leur naissance, leur apogée et leur déclin ; et aucune de celles qui ont brillé depuis Sésostris jusqu’à Philippe-Auguste n’existe plus que dans les monuments. La langue française aura le même sort, et en l’an 2825 on ne me lira qu’à l’aide d’un dictionnaire, si toutefois on me lit…

J’ai eu à ce sujet une discussion à coups de canon avec l’aimable M. Andrieux, de l’Académie française.

Je me présentai en bon ordre, je l’attaquai vigoureusement ; et je l’aurais pris, s’il n’avait fait une prompte retraite, à laquelle je ne mis pas trop d’obstacle, m’étant souvenu, heureusement pour lui, qu’il était chargé d’une lettre dans le nouveau lexique.

Je finis par une observation importante, aussi l’ai-je gardée pour la dernière.

Quand j’écris et parle de moi au singulier, cela