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APHORISMES

glorifie de t’avoir donné la naissance ; qu’à vingt-quatre ans tu avais déjà fait paraître un ouvrage élémentaire, qui depuis lors est demeuré classique ; qu’une réputation méritée t’attire la confiance ; que ton extérieur rassure les malades ; que ta dextérité les étonne ; que ta sensibilité les console : tout le monde sait cela. Mais je révélerai à tout Paris (me redressant), à toute la France (me rengorgeant), à l’univers entier, le seul défaut que je te connaisse.

l’ami, d’un ton sérieux. — Et lequel, s’il vous plaît ?

l’auteur. — Un défaut habituel, dont toutes mes exhortations n’ont pu te corriger.

l’ami, effrayé. — Dites donc enfin ; c’est trop me tenir à la torture.

l’auteur. — Tu manges trop vite[1].

(Ici, l’ami prend son chapeau, et sort en souriant, se doutant bien qu’il a prêché un converti.)
  1. Historique. — L’ami dont il est question dans ce dialogue est le docteur Richerand.