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Quoi qu’il en soit, cette soif d’une espèce de liquide que la nature avait enveloppée de voiles, cette appétence extraordinaire qui agit sur toutes les races d’hommes, sous tous les climats et sous toutes les températures, est bien digne de fixer l’attention de l’observateur philosophe.

J’y ai songé comme un autre, et je suis tenté de mettre l’appétence des liqueurs fermentées, qui n’est pas connue des animaux, à côté de l’inquiétude de l’avenir, qui leur est également étrangère, et de les regarder l’une et l’autre comme des attributs distinctifs du chef-d’œuvre de la dernière révolution sublunaire.


MÉDITATION X

et épisodique

SUR LA FIN DU MONDE


54. — J’ai dit : la dernière révolution sublunaire, et cette pensée, ainsi exprimée, m’a entraîné bien loin, bien loin.

Des monuments irrécusables nous apprennent que notre globe a déjà éprouvé plusieurs changements absolus, qui ont été autant de fins du monde ; et je ne sais quel instinct nous avertit que d’autres révolutions doivent se succéder encore.

Déjà, souvent, on a cru ces révolutions prêtes à arriver, et bien des gens existent que la comète aqueuse