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Le système vocalique

§ 124. Quantité. — La quantité d’une voyelle est déter­minée intéri­eure­ment. Il va de soi que la durée en peut varier dans des limites qu’il est au reste impos­sible d’apprécier sans appareils, selon que la consonne suivante est une occlusive ou une spirante, selon la longueur du mot, etc. Mais cette variation, au reste re­streinte, n’influe pas sur la répar­tition relative des voyelles en brèves et longues, répar­tition qui joue un rôle notable dans le système de la langue.

§ 125. On pourrait distin­guer, au point de vue de la quantité, cinq classes de voyelles :

Des ultra-longues, le plus souvent : i꞉, ɪ꞉, ᴜ꞉ ou ɑ꞉, issues de con­traction (flexions de verbes dénomi­natifs en ‑i꞉mʹ, ‑ɪ꞉m, infi­nitifs en ‑ᴜ꞉).

krʹi꞉ᵊχnɪ꞉mʹ (críochnuighim) « je termine » ;
αnɪ꞉mʹ (ceannuighim) « j’achète » ;
balʹi꞉mʹ (bailighim) « je réunis, je ramasse » ;
αrtᴜ꞉ (ceartughadh) « corriger » ; lɑ꞉χ (láthach) « courtois ».

Ces ultra-longues ont tendance à se diph­tonguer (cf. § 123).

Des longues ordinaires.

Des demi-longues, dues à l’abrége­ment de longues en position atone : moꞏrɑ̃꞉n (mórán) « beaucoup » ; trɑꞏnho꞉nə (tráthnona) « soirée » : dʹᴇrʹən ʃeꞏ (deireann sé) « il dit » (cf. § 316) ; ou à l’allonge­ment d’une brève devant χ, dans kʷⁱlʲaꞏχ, ou kʷⁱlʲaχ (cuileach) « coq », etc. (cf. § 261).

Des brèves ordinaires.

Des ultra-brèves, résultat de l’abrège­ment de brèves atones : bʹᵊnaχt (beannacht) « béné­diction », et tendant à la syncope (cf. § 261) ou voyelles furtives déve­loppées dans un groupe conso­nantique : ɛbʹⁱrʹɩ (oibre), gén. de ɔbʷɩrʹ (obair) « travail », et tendant à se dével­opper en voyelles complètes.

L’oppo­sition des longues et des brèves est la seule qui soit utilisée dans le langage.

§ 126. Exemples de mots diffé­renciés par la quantité de la voyelle (l’oppo­sition de quantité entraîne le plus souvent accessoi­re­ment une différen­ciation dans le timbre).