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CONCLUSION

A l’intérieur du système consonantique le groupe le plus important est formé par les occlu­sives : celles-ci ne présen­tent pratique­quement aucune variation indivi­duelle. Il n’en va pas de même pour les spirantes, qui consti­tuent le seul point faible du système. Celles-ci présen­tent de remar­quables particu­larités : existence d’un f () et d’un v () bilabials, d’un (ṽʹ) et même d’un  ; ces phonèmes tendent d’ailleurs à s’éliminer, laissant la place à des spirantes labio­dentales, non nasali­sables. Les spirantes sont d’autre part menacées par une tendance à l’ouverture : l’ouverture de j, véritable demi-voyelle, et, à un moindre degré, de ç (maintenu seulement à l’initiale), les confu­sions parti­elles de χ et de h laissent prévoir une évolution d’ensemble des spirantes guttu­rales.

Les occlusives nasales offrent à la fois une nasale dentale palata­lisée , s’opposant à une dentale vélaire n, et une nasale palatale ŋʹ s’opposant à une gutturale vélaire ŋ.

Les liquides et h (qui peut être sonore) n’offrent guère de singu­larités.

En face de ce consonantisme riche et stable, le vocalisme ne présente qu’un petit nombre de types vraiment distincts, double­ment menacés dans leur identité, et par l’influence des consonnes avoisi­nantes qui tend à les morceler en variétés mal définies, et par celle de l’accent d’intensité qui tend à les confondre partout sauf en syllabe tonique.

Le vocalisme du parler repose sur trois oppositions :

Une quantitative : celle des voyelles longues et des voyelles brèves. Cette oppo­sition est de beaucoup la plus nette, la seule qui subsiste plus ou moins à toutes les places du mot ; s’il y a tendance à abréger certaines longues atones, le fait reste excep­tionnel.

Deux oppositions qualitatives : voyelles d’avant et voyelles d’arrière ; voyelles hautes, moyennes ou basses, et ultra-basses (sons ɑ) ; i: s’oppose à ᴜ: ; ᴜ: à o: et à ɑ:.

Le jeu très simple de ces oppositions est compliqué et obscurci, prin­cipale­ment en ce qui concerne les voyelles brèves, par le fait qu’une consonne, selon qu’elle est vélaire ou palatale, provoque l’appa­rition d’une variété parti­culière de la voyelle qui la suit ou