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Phénomènes dépendant de l’accent : Syncope et métathèse

pro:ⁱʃtʹɩ ou pᵊro:ⁱʃtʹɩ (paroiste) « paroisse » ; gʹⁱrʹɑ̃:n (gearán) « plainte » ; bʹⁱrʹɑ̃:n ou bʹrʹɑ̃:n (biorán) « pointe » ; gʹⁱrʹαχt (giorracht) « proximité » ; krɑ:ʃtʹɩ et kᵊrɑ:ʃtʹɩ (coráiste) « courage » ; fʹrʹiʃtʹɩ (fuiriste) « facile » ; trʌs (turus) « voyage » ; tʹⁱrʹimʹ (tirim) « sec » ; gvɑ:ⁱlʹtʹ (gabháil) « obtenir ».

Devant nasale l’élément vocalique ne disparaît pas entièrement. On a ainsi :

bʹᵊnaχt (beannacht) « béné­diction » ; tᵊmɑ̃:ⁱnʹtʹ (tiomáint) « conduire (une voiture) » ; mʹⁱnʲɑ:l (muineál) « cou ».

La voyelle réduite est moins développée après spirante, dans : χnᴜk (chonnac) « je vis » ; fᵊnaχt (fanacht) « demeurer » ; en revanche fʹⁱnʲo:g, ou fʹɩnʲo:g (fuinneóg) « fenêtre ».

§ 280. La syncope se produit même là où, à des mots commen­çant par voyelle + liquide, l’article préfixe un t‑ ; on a ainsi : ə trɑ̃:n pour ən tərɑ:n (an t‑arán) « le pain » ; ou même ɩ tʹⁱraχ (an t‑earrach) « le printemps ».

En dehors même de ce cas, l’initiale vocalique tombe dans : rʲᴜ:nəχ, à côté de ɩrʲᴜ:nəχ (oireamh­nach) « conve­nable » et nʲo:səd, à côté de ɩnʲo:səd (inneósad) « je dirai ».

Il est souvent difficile de préciser les raisons pour lesquelles la syncope ne se produit pas dans certains cas, alors qu’elle se produit dans des cas qui parais­sent simi­laires. Les dési­nences a·χ, aχt et les ɑ: des dési­nences en ‑ɑ:ʃtʹɩ et ‑ɑ̃:n parais­sent favoriser parti­culière­ment la syncope de la voyelle précé­dente. On peut rappro­cher de kᵊlʹα·χ le génitif du même mot kalʹi: et le dérivé kalʹi:nʹ (cailín) « jeune fille », où la syncope ne se produit jamais, quoique la place de l’accent soit la même que dans kᵊlʹα·χ.

§ 281. Métathèse :

Certains phénomènes de métathèse, à l’inverse de ce qui se passe pour ceux cités § 250, sont fonction de la place de l’accent. Tels sont ceux où l’on a : occlusive + liquide + voyelle + occlusive (ou sifflante) > occlusive + voyelle + liquide + occlusive (ou sifflante).

C’est ainsi qu’on observe à l’intérieur d’une même flexion l’oppo­sition de : pərˈʃα·χ (praiseach) « gruau d’avoine », dat. ˈpraʃɩgʹ