En donnant, à côté de chaque exemple cité, à défaut de la forme ancienne, la transcription en orthographe usuelle, on a pensé rendre possibles les comparaisons avec les autres monographies publiées et avec les états antérieurs de la langue, et pallier ainsi un des inconvénients du parti pris adopté.
Cette étude est une description phonétique d’un parler irlandais de Kerry, parlé dans la baronnie de Corcoguiney et observé par moi principalement dans la paroisse de Dunquin.
Les éléments de cette étude ont été réunis au cours de plusieurs séjours, d’une durée totale d’environ huit mois, effectués entre 1925 et 1929 dans la paroisse de Dunquin (à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Dingle) et dans l’île Blasket, qui en dépend, à l’exception d’une semaine passée à Cora Ghráig (Paróiste Mórdhach), à une vingtaine de kilomètres au nord de Dunquin, sur la côte, et de quelques excursions dans d’autres paroisses de langue gaélique depuis Dingle, jusqu’à Clogan (an Leitir Iubhach). J’ai signalé en passant quelques particularités locales, là où j’ai eu l’occasion de les noter, mais n’ai pas tenté d’enquête de géographie linguistique.
La population de cette région est composée de petits dermiers et de pêcheurs, qui entretiennent peu de relations avec l’extérieur, en dehors des visites à la petite ville où l’anglais est parlé couramment, quoique bon nombre d’habitants y comprennent l’irlandais, et de la correspondance avec les parents émigrés en Amérique. Il faut ajouter, depuis ces dernières années, les visites d’étudiants venus apprendre l’irlandais (visites encore très exceptionnelles au moment de mon premier séjour). L’irlandais est la seule langue usitée à Dunquin, quoique la plupart des jeunes gens comprennent l’anglais qu’ils peuvent parler plus ou moins. La plupart des vieillards ne parlent pas du tout l’anglais. La situation est sensiblement la même dans Paróiste Mórdhach et dans les paroisses qui s’étendent entre deux.
Dunquin même est une paroisse d’environ 450 habitants, dont plus d’une centaine habitent l’île Blasket. Les mariages entre les gens de l’île et ceux de la côte, entre les gens de Dunquin et ceux des paroisses limitrophes, sont fréquents. Les enfants d’une même