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Avant-propos

S’écartant d’une tradition déjà établie par plusieurs monogra­phies consa­crées à d’autres parlers, on s’est efforcé ici de se tenir à un point de vue rigou­reusement descri­ptif. On s’est interdit toute citation de formes anciennes, toute classi­fication fondée sur l’origine des phonèmes, toute allusion aux tendances histo­riques qui expli­quent les formes actuelles du parler. Non qu’il soit toujours possible de distin­guer le diachro­nique du synchro­nique : ce n’est certaine­ment pas le cas dans un dialecte où, comme dans le nôtre, l’évolution linguis­tique d’une géné­ration à l’autre est sur plus d’un point sensible ; où de constants flotte­ments entre la pronon­ciation près de dispa­raître et celle qui tend à l’emporter nous font saisir en quelque sorte sur le fait les tendances (dissi­milation, svara­bhakti, etc.) qui tra­vaillent le parler. Il a fallu tenir compte de celles-ci, dans la mesure où elles sont actuelles ; en revanche on a fait, autant que possible, abstrac­tion des phéno­mènes analogues qui, tout en ayant laissé leur trace dans la langue, ne sont plus géné­rateurs de formes et de phonèmes nouveaux et appar­tiennent par consé­quent au domaine de la phoné­tique histo­rique.

Il a semblé qu’une telle méthode, en rejetant dans l’ombre ce qui, dans le parler, est la conti­nuation histo­rique du passé, permet­tait d’en mettre mieux en lumière l’origi­nalité actuelle, qui réside moins dans chacun des phonèmes, étudié en soi, que dans l’ensemble du système qui en règle les rapports et la répar­tition.