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Le système vocalique

peut comparer à l’e danois, son beaucoup plus étroit et plus fermé que l’e: qu’on a dans le parler. Le deuxième élément est un ə bas et ouvert, de timbre assez obscur quoique tendant vers a. Chez les sujets plus jeunes le premier élément est un son ì:, inter­médiaire entre i: et e:, le deuxième élément a un timbre ouvert a, très clair et qui se diffé­rencie fortement du ə qu’on a par exemple dans i·ə. Il semble que d’une géné­ration à l’autre il y ait eu différen­ciation.

Il faut aussi tenir compte du fait que e:ə, conservé dans les récits tradi­tionnels et les prières, est considéré comme plus relevé que ì:a. J’ai entendu un conteur se reprendre, quand il laissait échapper ì:a (seule forme de cette diph­tongue qu’il employât dans la conver­sation), pour substi­tuer e:ɐ.

ì:a (e:ɐ) se trouve après consonne palatale ou à l’initiale, devant consonne vélaire :

bʹì:al (béal) « bouche » ; bʹì:as (béas) « coutume » ; kʹì:ad (céad) « cent » ; fʹì:ar (féar) « herbe » ; fʹì:aso:g (féasóg) « moustache » ; gʹi:ag (géag) « bras » ; ì:ad (éad) « jalousie » ; ì:asg̬ (éasc) « nœud, défaut du bois » ; ì:adᵊrəm (éadrom) « léger » ; lʹì:an (léan) « regret » ; mʹì:arnɑ:ⁱlʹ (méarnáil) « tâtonner » ; pʹlʹì:asg̬ə (pléascadh) « exploser » ; sg̬ʹì:al (scéal) « histoire » ; sg̬ʹì:an (scéan) « terreur » ; tʹrʹì:an (tréan) « violent ».

Aussi, quoique orthogra­phiées différem­ment : mʹì:as (mias) « plat » ; mʹì:an (mian) « volonté, désir » et mʹì:aχ (mianach) « tempé­rament, caractère ».

§ 208.
ᴇə (écrit ea).

Un exemple unique de cette diph­tongue est fourni par vʹᴇəχ (bheach) « (il) serait ».

§ 209.
ᴜ·ə, ᴜə (écrit ua, uabha, uadha, etc.).

Le premier élément de cette diph­tongue, comme de celles qui suivent, peut être demi-long ou bref, comme dans le cas des diph­tongues commen­çant par , ɪ· (q. v.).

ᴜ·ə ne peut se trouver en contact qu’avec des consonnes vélaires.