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nant à une race d’animaux très-vorace, elle refusa pendant trois jours toute nourriture. Que dire de la baleine, qui cache ses petits dans les profondeurs de sa gorge lorsqu’elle fuit devant un danger supérieur à ses forces ? On a vu une vipère lécher et polir avec la langue les petits serpents qu’elle venait de faire. Car, Damis, nous ne devons pas ajouter foi à cet absurde conte, d’après lequel les serpents naîtraient sans mère : la nature s’y oppose, et l’expérience le réfute. » Damis lui répondit : «Vous êtes donc d’avis d’applaudir à ce vers qu’Euripide prête à son Andromaque :

« Pour tous les hommes, les enfants c’est la vie. »  ! »


— Oui, certes, j’y applaudis. Car voilà qui est parler d’une manière sage et divine. Cependant il aurait mieux dit encore, et dit plus vrai, s’il avait parlé de tous les animaux. — On dirait, Apollonius, que vous voulez corriger le vers d’Euripide, et dire :

« Pour tous les animaux, les enfants c’est la vie. »  ! »



Et en cela, je pense comme vous, car ainsi le vers a plus de sens.


XV. « Mais j’ai une question à vous adresser. Est-ce que nous ne disions pas, au commencement de notre entretien, que les éléphants montrent dans ce qu’ils font de d’intelligence et de la prudence ? — Et nous n’avions pas « tort de le dire, Damis. Car, si cet animal n’était gouverné par la raison, il ne pourrait subsister, non plus que les nations chez lesquelles il se trouve. — Alors, pourquoi traversent-ils le fleuve d’une manière si imprudente et si dangereuse pour eux ? C’est le plus petit qui les guide ; ensuite vient un éléphant un peu plus grand, puis un