Page:Philostrate - Apollonius de Tyane, sa vie, ses voyages, ses prodiges, 1862.djvu/57

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cheurs de coquillages, ou qui avaient fait le commerce maritime ou celui des étoffes de pourpre. Voici une élégie qu’ils lurent sur la tombe de quelques marins et de leurs patrons :


« Nous qui jadis fendions les flots de la mer Égée, nous reposons au milieu du pays d’Ecbatane. Adieu, Érétrie, autrefois notre gloire ! Adieu, Athènes, voisine de l’Eubée, et, toi, mère chérie, adieu ! »


Damis rapporte qu’Apollonius releva et ferma de ses propres mains les tombeaux qui étaient tombés en ruine, qu’il fit aux mânes des libations et leur apporta toutes les offrandes prescrites, mais sans immoler de victimes et sans verser de sang. Puis, les larmes aux yeux, et saisi d’enthousiasme, il s’écria au milieu de toutes ces tombes : « Ô vous, que le sort a conduits en ces lieux, Érétriens, si vous êtes éloignés de votre patrie, du moins vous avez une sépulture, et ceux qui vous ont arrachés à vos demeures ont péri, dix mois après votre enlèvement, non loin de votre île[1], et sont restés sans sépulture. Et ce qu’ils ont souffert dans le golfe d’Eubée est une marque de la colère des dieux. » À la fin de sa lettre au sophiste de Clazomène, Apollonius dit encore : « Ô Scopélianus ! dans ma jeunesse je me suis intéressé à vos Erétriens, et j’ai fait tout ce qui a été en mon pouvoir en faveur de ceux d’entre eux qui étaient morts et de leurs descendants. » Ce qu’il fit pour les vivants, il nous reste à le dire. Quand les Érétriens avaient bien ensemencé leur colline, les Barbares voisins venaient en été et emportaient la moisson, et ceux qui avaient eu tout le mal se trouvaient réduits à la famine. Dès qu’il fut arrivé auprès du roi, Apollonius fit

  1. Allusion à la bataille de Salamine.