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SÉJOUR AU TEMPLE D’ESCULAPE.

cieux et de frais ruisseaux, il lui dit : « Vivez à votre guise ; moi, je vivrai en pythagoricien. »

VIII. « C’est une grande entreprise, lui fit observer Euxène, mais par où commencez-vous ? — Je ferai comme les médecins, répondit Apollonius. Leur premier soin est de purger ; et ainsi ils préviennent les maladies, ou les guérissent. » À partir de ce moment il ne mangea d’aucun animal (c’était, selon lui, une nourriture impure et propre à alourdir l’esprit) il se nourrit de légumes et de fruits, disant que tout ce que donne la terre est pur. Quant au vin ; il considérait comme pure la boisson que fournit un arbuste si précieux à l’homme ; mais il jugeait cette boisson contraire à l’équilibre de l’esprit, comme troublant la partie supérieure de l’âme. Après avoir ainsi purifié son estomac, il s’honora de marcher nu-pieds, ne porta que des étoffes de lin, renonçant à toutes celles qui sont faites de poils d’animaux, laissa croître sa chevelure, et vécut dans le temple. Il fit l’admiration de tous ceux qui étaient attachés à ce temple, et Esculape ayant dit un jour au prêtre qu’il était heureux d’avoir Apollonius pour témoin des guérisons qu’il opérait, on vint de tous côtés à Egées pour le voir, non seulement des villes de Cilicie, mais des provinces voisines ; et cela donna cours en Cilicie à un mot, qui passa en proverbe : « Où courez-vous si vite ? Allez-vous voir le jeune homme ? »

IX. Je n’aurais garde d’omettre ce qui se fit dans le temple d’Esculape, ayant à écrire l’histoire d’un homme qui fut honoré même des dieux. Un jeune Assyrien était venu consulter Esculape : il ne s’en livrait pas moins à la bonne chère et à son goût pour le vin et dépérissait de plus en plus. Atteint d’hydropisie, il ne se plaisait qu’à boire, sans se soucier de combattre l’humidité de son corps. Aussi était-il négligé par Esculape, qui refusait de lui appa-