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pien d’un gâteau représentant un bœuf, n’indique-t-elle pas encore un disciple de Pythagore ? Il y aurait encore bien d’autres détails à rapporter de l’école de Pythagore, mais il est temps d’en venir à mon sujet.

II. Apollonius est entré dans la voie frayée par Pythagore ; mais il y a encore un caractère plus divin dans sa recherche de la sagesse, et il s’est élevé bien au-dessus des rois de son temps. Bien qu’il ne soit, par son époque, ni trop éloigné ni trop rapproché de nous, on ne connaît pas encore au vrai quelle fut sa philosophie, si digne d’un esprit sage et d’une âme saine ; les uns le louent d’une façon, les autres d’une autre. Quelques-uns, parce qu’il s’est trouvé en rapport avec les mages de Babylone[1], les Brachmanes de l’Inde et les Gymnosophistes de l’Égypte, pensent qu’il était magicien, et que sa sagesse n’était que violence : c’est une calomnie qui vient de ce qu’il est mal connu. Empédocle, Pythagore lui-même et Démocrite[2]ont fréquenté des mages, ils ont dit beaucoup de choses divines ; et cependant on n’en a pas encore fait des adeptes de ce genre de science. Platon a fait un voyage en Égypte, il a beaucoup emprunté aux prêtres et aux devins de ce pays, il s’en est servi comme un peintre qui prendrait une esquisse et y mettrait de riches couleurs ; et cependant on n’en a pas fait encore un magicien, bien que nul homme n’ait été, à cause de sa sagesse, plus en butte à l’envie. Parce qu’Apollonius a pressenti et prévu plusieurs événements, on ne saurait l’accuser de s’être adonné à la magie ; ou bien il faut tourner la même accusation contre Socrate, à qui son démon a fait souvent prévoir l’avenir, et contre

  1. « On appelle mages les prêtres et les devins chez les Perses, les Saces, les Mèdes et plusieurs autres peuples barbares. » (Lucien, Les hommes à longue vie, ch. 6.)
  2. Démocrite d’Abdère, philosophe du ve siècle avant J.-C.