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losophie, une peinture idéalisée d’un des derniers représentants de la sagesse antique. Mais il est probable que la narration de faits merveilleux préoccupait encore plus Philostrate que les spéculations auxquelles avait pu se livrer son héros. M. Ritter pense que les doctrines d’Apollonius avaient « un sens profond[1] » : il faut avouer qu’il est difficile d’en juger par l’exposition superficielle, incomplète et confuse qu’en donne Philostrate. Philostrate fait moins connaître le philosophe que le thaumaturge. Tout porte à croire que c’est le thaumaturge qui l’intéresse le plus dans son héros : pour s’en convaincre, il suffit de rapprocher de l’Héroïque la Vie d’Apollonius de Tyane[2].

Ce qui ne saurait être contesté, c’est la part d’Apollonius dans l’histoire du merveilleux chez les Grecs, et celle de son biographe dans la littérature consacrée à cet ordre d’idées. Le nom d’Apollonius de Tyane, comme celui de Simon le Magicien, de Plotin, de Porphyre, etc., se présente de lui-même à tout écrivain qui, dans un sens ou dans un autre, traite de l’histoire du merveilleux[3]. Selon les représentants les plus accrédités du spiritisme ou de la doctrine spirite, la plupart des faits réputés merveilleux seraient le produit de l’action du monde invisible sur le monde visible, une des forces actives de la nature méconnue jusqu’à ce jour par la science, et rentreraient ainsi dans le domaine

  1. Hist. de la philosophie ancienne, livre XII.
  2. M. Denis (Hist. des idées morales dans l’antiquité, t. II) nous semble de cet avis, lorsqu’il signale une sorte de contradiction « entre le profond esprit de moralité d’Apollonius, qui se rapprochait beaucoup d’Épictète et de Marc-Aurèle, et le rôle de magicien et de charlatan qu’on serait en droit de lui prêter d’après les récits extravagants de son historien. »
  3. Figuier, Histoire du merveilleux.