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leur tête[1], ont affecté de confondre dans un égal scepticisme les prodiges d’Apollonius de Tyane et les miracles de Jésus-Christ : la tentative d’Hiéroclès fut en quelque sorte renouvelée par une traduction française[2], que précédait une dédicace ironique au pape Clément XIV, dédicace signée Philalèthe, et attribuée à Frédéric II.

Aujourd’hui que la polémique religieuse s’est transportée sur un autre terrain, on juge avec un esprit plus libre l’ouvrage de Philostrate : on n’y voit plus guère une contrefaçon systématique des Évangiles, ni une arme dirigée indirectement par l’auteur contre le christianisme[3]. On y reconnaît en général un livre consacré à la gloire de la phi-

  1. Essai sur les mœurs, Ed. Beuchot, t. XV, p. 150 ; Bayle, Dictionn. historique et critique ; Ch. Blount, Notes à sa traduction, en anglais, de la Vie d’Apollonius (1680) ; Legrand d’Aussy, Vie d’Apollonius de Tyane, ouvrage qui n’a été publié qu’après la mort de l’auteur. 2 vol. 8o (1807).
  2. La traduction de Castillon (1779) est accompagnée de notes de Blount. Une seule citation de la Dédicace donnera une idée de l’esprit qui l’a inspirée : « À moins d’avoir travaillé, comme commis, de longues années dans les bureaux de la politique infernale, on n’en dira pas davantage que M. de Tillemont : cependant l’Église semble désirer une réfutation plus forte des miracles d’Apollonius que n’en ont fait les premiers Pères… C’est à Votre Sainteté de nous enseigner les preuves caractéristiques auxquelles on distingue les prestiges de la friponnerie des miracles du démon, et ceux du démon de ceux que Dieu a daigné opérer par le ministère de ses serviteurs… »
  3. Cette opinion, qui est celle de Naudé (ouvrage cité), de Huet (Démonstration évangélique, propos. IX, c. 147) ; de Jenkin (Observ. sur la vie de Pythagore, Acta eruditorum, 1704, p. 36, etc.) ; de Letronne (Acad. des Inscript. nouv. série, t. X, p. 296), et de M. l’abbé Freppel (ouvrage cité), est combattue par Lardner (Testimonies, III, 252) ; Gibbon (Hist. de la décadence, etc.) ; Meiners (Hist. des origines et de la chute des sciences, t. I, p. 258) ; Buhle (Encyclop.) ; Neander (Hist. de la religion chrétienne) ; Baur (Apollonius et le Christ) ; Ritter (Hist. de la philosophie ancienne, livre XII) ; Matter (dans le Dictionn. des sciences philosophiques), etc.