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qu’il vomit, les hommes et leurs matières, tout atteignait la jeune fille, envahissait les passages et venait en son cœur alimenter un feu central qui recevait les pierres, les fondait et les faisait bouillir.

Raphaël n’en connaissait que deux ou trois coups d’amour et cet orgueil qu’ont les hommes lorsque leur femme les déborde. Il croyait avoir éveillé des rêves et profitait de quelques désirs. C’est pendant la troisième année de régiment qu’il se tourna vers Paris. Son père eût voulu arrêter là les dépenses et se l’associer dans ce métier d’entrepreneur où un homme neuf et jeune a de quoi bâtir. Ensuite il l’eût marié à la fille d’un entrepreneur pour doubler les entreprises. Raphaël ne voulut rien entendre. Si parfois une pensée lui en venait, il n’avait pas le temps de la réfléchir, de la promener en lui comme se promènent les pensées. Il la sentait refluer tout à coup vers son diaphragme, où des fibres chaudes l’attachaient à Marie et barraient tout autre sentiment. Un homme alors n’a rien à craindre. Il imagina un semblant d’examen qui lui donnait le titre d’« élève libre à l’école des Ponts