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Raphaël l’attendait à quelque coin de rue. Elle vint et dit :

— Ça y est.

Il dit :

— Promenons-nous.

Elle avait de la flamme et répondit :

— Dans le bois, pendant que le loup y est pas.

Ils marchèrent tout droit. Il y avait entre eux ce qui est lent, ce qui est vague et tout ce qui est inavoué. Raphaël le portait dans ses mains fermées au bout de ses bras, balançait chaque épaule, écartait les coudes et suivait chaque poids comme l’homme de la ferme qui tire l’eau du puits et transporte ses deux seaux pleins. Ils tournèrent à gauche et marchèrent encore. Il avait de la force, pourtant, et connaissait les tours de rein qui soulèvent un fardeau. Il les donna d’un coup et dit :

— Si nous passions par ici, mademoiselle.

Ils suivaient un chemin singulier, avaient tourné trois fois, revenaient au point de départ, traînaient une ligne de promenade, lourde, incertaine et qui craquait sous leurs pieds. Ils se regardaient, un peu pâles sous leurs