Page:Philippe - Marie Donadieu, 1904.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sous des électricités latentes qui passaient par sa nuque et crépitaient dans ses yeux. Il n’eut qu’une fois à dire : « Mademoiselle, quand vous venez le samedi, vous devriez rester jusqu’au dimanche », pour qu’elle en eût le désir à tel point que son grand-père dut céder. Raphaël en garda le souvenir.

C’est alors qu’une après-midi, comme il stationnait à la salle d’attente, elle arriva et n’était pas seule. Elle en gardait un air pataud, son grand-père l’accompagnait, tout un esclavage ancien apparaissait d’un coup et la gênait dans ses entournures. Elle ne regarda pas autour d’elle, marcha droit et pesa chacun de ses pas, comme un canard trop sauvage qui courait à travers champs et que la fermière, pour l’alourdir un peu, chaussa d’un soulier d’enfant. La chose était pourtant bien simple : Basile voulait faire des achats. Raphaël décomposa ses mouvements, mêla le silence à ses gestes et les suivit tous deux pour n’en rien perdre et comme s’il eût craint que, loin de son regard, quelqu’un ne la lui ravît. Il ne réfléchit pas davantage, mais, le samedi suivant, elle fut seule et plus légère. Il lui donna la