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quelque argent avec à propos. Du reste, il trouva son coin grâce à l’appui d’un parent, officier d’intendance, qui, tous les ans, passant quelques jours chez le père où la table était bonne, casa le fils dans un bureau tranquille. Il n’avait pas voulu bénéficier de son titre d’étudiant qui le libérait au bout d’une année, car il eût fallu s’engager à conquérir un diplôme d’ingénieur avant vingt-sept ans.

L’instant ne lui fut jamais dur. C’était un de ces hommes qui, du premier jour, n’ont rien à découvrir : à la caserne son ami fut son voisin de bureau. Il l’appela bientôt par son prénom : Joseph. Joseph était un assez bon produit de l’école communale, qui, de ses études primaires, avait retenu assez de calcul et d’orthographe pour remplir, à Lyon même, un petit emploi dans une compagnie d’assurances. Ils se fussent volontiers prêté cent sous, eussent ensemble suivi deux ouvrières et se faisaient pendant, l’après-midi du dimanche, de chaque côté d’une table de café, buvant l’absinthe, portant leur tête, ayant une vie suffisamment limitée l’un et l’autre